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REFLEXION SUR LA VISION DU MONDE
 
     De tout temps, l'homme n'a cessé de tenter de cerner le monde, par la science, l'histoire ou encore par l'art. La peinture classique voulait représenter la réalité en l'imitant. Ceci fut fait avec une maîtrise absolue allant jusqu'à l'élaboration de canons esthétiques. Cette démarche, à priori, semblait évidente mais cela était sans penser que la réalité ne se limite pas à l'organe de la vue, à une image posée sur la rétine d'un l'homme. Les Impressionnistes et les Néo-impressionnistes,  en s'arrêtant avant CEZANNE, ont poursuivi cette voie du piège de la perception visuelle. Cependant, ils ont apprécié et analysé la physiologie de l'intégration de l'image par cet organe. Avec l'évolution des esprits et des connaissances, l'image réaliste a perdu de sa grandeur et de sa vérité. Ainsi, le cubisme a représenté les sujets et objets par l'agencement d'images perçues sous des angles différents mais à un même instant. Avec MARCEL DUCHAMP (excepté sa période READY MADE), l'art est allé encore un peut plus loin en représentant la réalité à des moments différents et mêlée à une stylisation quasi abstraite. Toutes ces façons d'apprécier le monde ne sont pas veines, bien au contraire, chaque nouveau regard permet de s'approcher de cette lointaine réalité plusieurs fois filtrée.
     La rétine était un leurre, méfions-nous aussi du temps et de l'espace qui sont des repères bien arbitraires même s'ils nous sont si intimes. Nous élaborons alors une œuvre picturale composée de plusieurs espaces et temps. Leur multiplication aboutit rapidement à une œuvre sans espace ni temps identifiables, ce qui revient au même. Pour en revenir à l'homme, il est licite de s'interroger sur l'interprétation et sur l'intégration d'une telle image. L’œuvre émet des ondes de certaines fréquences sous certains angles qui sont reçues par l'organe de la vue et transmises au cerveau sous la forme d'influx nerveux. Celui-ci traite ces images en référence aux temps et à l'espace. La suppression de ces deux derniers repères n'entraîne pas le néant ou l'abstraction par la préservation du sujet mais oblige à une appréhension intuitive et non analytique. Notre cerveau ne pouvant se passer du temps et de l'espace sous peine d'explosion de la personnalité ou de schizophrénie, la préhension globale de la réalité ne sera seulement possible qu'en supprimant ces repères. A noter l'apparition d'une confusion mais qui doit être acceptée dans une perception intuitive globale ou la notion d'harmonie s'épanouit.