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L’ARTISTE, CREATEUR ET SPECTATEUR
     L’œuvre d'art est une entité d'origine multifactorielle. Elle est l'aboutissement de nombreux phénomènes affectifs ou encore mécaniques modulant l'action du peintre et de sa main. De ce mouvement dont le hasard n'est pas étranger, résulte la création d'une œuvre autonome, véritable onde issue et prolongeant quelques cataclysmes. Le peintre apparaît inévitablement comme un élément partiel de cette genèse et non comme son créateur total. Déjà, dans son impulsion première, l'artiste même le plus habile, voir le plus bridé par une technique accaparante, est incapable de maîtriser chaque détail. Il lui sera encore plus difficile d'apprécier les variations à venir, de couleur et de texture, d'une matière qui peut-être lui survivra. Et que penser de l’œil de l'observateur, est-il immuable ? Il semble qu'il existe autant de variations d'une œuvre que d'époques, de civilisations ou de regards. Le peintre est, bien malgré lui, forcé d'accepter cette impossible maîtrise et doit profiter et jouer de ces forces extérieures dans son acte de création.
     Il apparaît sage plutôt que de tenter de maîtriser l’œuvre, de la retenir et de la bâillonner, de la laisser s'exprimer par sa propre dynamique lors de son mouvement premier.